trop d’impôt tue l’impôt
A la fin des années 1970, l’économiste américain Arthur Laffer (théoricien de l’économie de l’offre) avait élaboré une théorie qui met en relation le taux d’imposition et la recette fiscale.
Il avait ainsi démontré que lorsqu’un certain taux d’imposition est atteint, la recette fiscale n’augmente plus proportionnellement mais a plutôt tendance à baisser rapidement. Ceci s’explique par le fait qu’il existe toujours un taux maximal au-delà duquel l’imposition devient prohibitive en encourageant l’exil fiscal et en freinant l’investissement, la créativité et l’épargne.
Par conséquent, une augmentation trop forte de ce taux aura pour effet de freiner les investissements, la production et donc la croissance économique. Une croissance économique en berne aura pour effet de renforcer la crise économique, accélèrera la baisse de l’épargne et de l’investissement (cercle vicieux) et réduira enfin le montant des recettes fiscales.
En conclusion, et dans le but de sortir ce cercle vicieux, l’Etat devra envisager de réduire voir de supprimer certains impôts trop pénalisants.
Définition de la courbe de Laffer
La courbe de Laffer représente la relation entre le taux d'imposition et le montant total des recettes fiscales perçues par un gouvernement. Visuellement, elle prend la forme d'une courbe en cloche, indiquant qu'il existe un taux d'imposition optimal pour maximiser les recettes fiscales.
La notion derrière la courbe de Laffer remonte bien avant sa popularisation par Arthur Laffer dans les années 1970. Des économistes tels que Ibn Khaldun au 14ème siècle et John Maynard Keynes au XXe siècle ont fait allusion à cette idée. Laffer lui-même a formalisé la courbe pour démontrer qu'un taux d'imposition de 0 % entraînerait évidemment zéro recette, tout comme un taux de 10 0%, car les contribuables n'auraient aucune incitation à travailler si tout leur revenu était confisqué.
Idée principale de la courbe de Laffer
L'essence de la courbe de Laffer repose sur l'équilibre entre incitation et dissuasion. À des taux d'imposition faibles, augmenter le taux peut entraîner une augmentation des recettes fiscales car l'impact sur l'incitation à travailler reste minimal. Par contre, à mesure que le taux d'imposition augmente, l'effet dissuasif prend le dessus. Passé un certain point, augmenter davantage le taux réduit les recettes fiscales car il décourage le travail et l'investissement.
Le taux optimal d'imposition
Le taux optimal est le point où les recettes fiscales sont maximisées. Ce taux n'est pas fixe et peut varier en fonction de nombreux facteurs, tels que la structure économique d'un pays ou la psychologie des contribuables. Des études ont tenté de déterminer ce taux, avec des estimations allant de 30% à 70%, dépendant du contexte.
Application de la courbe de Laffer dans l'économie moderne
Dans le contexte économique actuel, la courbe de Laffer sert souvent d'outil pour les décideurs politiques lorsqu'il s'agit de fixer les taux d'imposition. Il leur rappelle que les recettes fiscales ne sont pas simplement proportionnelles au taux d'imposition.
De nombreux gouvernements ont modifié leurs politiques fiscales en tenant compte des principes de la courbe de Laffer. Par exemple, les États-Unis dans les années 1980 ont réduit significativement leurs taux marginaux d'imposition, espérant ainsi stimuler la croissance économique et augmenter les recettes fiscales. Les résultats varient selon les analyses, certains estimant que ces réductions ont effectivement augmenté les recettes, tandis que d'autres soutiennent qu'elles ont contribué aux déficits budgétaires.
Controverses et critiques
Bien que la courbe de Laffer soit un outil utile, elle a ses détracteurs. Certains critiquent l'idée qu'il existe un taux d'imposition unique et optimal pour tous les pays, quelle que soit leur situation. D'autres estiment que la courbe est trop simpliste pour capturer la complexité des économies modernes. Indépendamment des critiques, la courbe de Laffer demeure une référence dans les débats économiques, rappelant aux gouvernements l'importance de l'équilibre entre taux d'imposition et incitations économiques.